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    Un Noël pas comme les autres

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    Je ne veux me souvenir que des meilleurs moment de tendresse et de complicité qui n'étaient pas si fréquents; mais que, pourtant, j'ai connu avec mon père! Ces moments si précieux à mon coeur, n'étaient pas nombreux car papa n'était pas démonstratif. A présent, je sais que mon père m'aimait; mais à l'époque, il me faisait peur avec ses crises de démence et cela arrivait très souvent. Mon père rentrait ivre mort à la maison pratiquement chaque soir. Il ne m'a jamais battu et ne s'en prenait qu'à ma mère qui ne l'aimait pas et qui ne voulait pas, comme ça se faisait à l'époque, être soumise à son mari à qui elle avait été mariée d'office : d'où les prises de becs entre mon père et elle concernant l'insoumission flagrante de ma mère réfractaire à tout ce qui touchait à sa liberté de femme qu'elle jugeait  être un droit (et elle n'avait pas tord! Les femmes se rebelleront contre la supériorité des hommes qu'ils croyaient acquise à jamais, se révélera,  par la suite, dans les conflits internes de la France... et ailleurs dans le monde). Les femmes étaient, dans l'armée anglaise, russe et plus tard, l'armée américaines. Les premières femmes à s'investir dans ce que l'on appelait, à l'époque, l'effort de guerre, fut  dans les combats aériens contre l'armée allemande ou elles se sont distinguées par leur courage, leur détermination, et leur pendant les affrontements.

     Leur hauts faits de guerre furent tenu secret très longtemps! Pensez donc! des femmes aviatrices qui partaient au combat comme des hommes! Cela ne pouvait être toléré par les grands pontes des états major respectifs de chaque armées ennemies de la guerre de 40! Les homme tenaient à leur statu de leaders et avaient du mal à accepter cette concurrence féminines. Ils étaient très machos à cette époque là! Elles ont pourtant fait leur preuve et les hommes n'avaient qu'à bien se tenir!... 

    Ma mère était en avance sur son époque : Elle ne supportait pas le joug masculin! D'ailleurs, elle ne supportait pas, non plus, son beau-père, pas plus que sa mère qui  faisait des différences entre ses enfants : Elle était, je crois, la troisième de six filles et un garçon. Je su, par la suite, en étant plus grande, pourquoi ma mère était le vilain petit canard de la famille; mais ça, c'est une autre histoire! 

    Conforme aux idées de maman, je n'aimais pas ma grand-mère que je trouvais méchante, autoritaire et revêche. Mon grand-père paternel qui était un homme rustre et très autoritaire lui aussi, aimait tout gérer. En ces années d'après guerre, bien que trop jeune pour tout comprendre, je savais que mon grand-père paternel avait  construit  sa fortune grâce à ce marché juteux qu'étaient  les  premières automobiles  de l'époque. Tout le monde voulait son automobile! La fabrication étant en pleine essor, ça devenait un signe extérieur de richesse pour les uns, alors que pour les autres, le manque  de moyens devenait source de jalousie. Il ne faut pas oublier que nous étions en 1953. J'avais six  ans et si pour les uns la vie était belle, pour les autres c'était la misère. Nous, nous étions entre ces deux mondes. Nous n'étions ni pauvres, ni riches.  Il  n'y avait jamais eu de beau noël chez nous.  Pas parce que mes parents ne pouvaient pas le fêter! Non! La faute en incombait à leurs continuelles disputes. En train de se déchirer sans se soucier de l'image qu'ils imprimaient dans la mémoire et le coeur de leur petite fille, ils se souciaient peu de respecter la tradition de Noël et attachaient bien peu d'importance à leur enfant toujours réfugiée sous la table de la cuisine, là ou  je me sentait le plus en sécurité. Pourquoi la table de la cuisine? Parce que dans la cuisine, il y faisait chaud et que de là où je me trouvais, je voyais tout ce qui se passait dans la maison entre mon père et ma mère et lorsque mon père était hors de lui consécutivement à l'alcool qui avait ingurgité,  maman m'attrapait par la main et nous allions finir la nuit dans la cave de l'immeuble qu'elle avait aménagée d'une malle en osier,  agrémentée d'une petite paillasse et d'une couverture qui devenait mon lit pour la circonstance. Pour contenir ma peur qui était aussi forte que la sienne, maman dormait  prés de moi sur un matelas de son, à même la terre battu. Nous ne pouvions pas toujours appeler Police secours! Il fallait se débrouiller comme l'on pouvait pour échapper à la fureur destructrice de mon père. Maman avait donc trouvé ce moyen pour lui échapper. Nous guettions tous les bruits venant de l'immeuble! Nous avions peur que mon père  vienne à découvrir où nous nous cachions. Maman dormait d'un oeil,  la peur au ventre, tandis que je finissais par sombrer de fatigue dans un sommeil agité. Les nuits étaient très longues jusqu'au petit matin. Je sais qu'elle écoutait tous les tours de clefs des locataires partant à leur travail et comme du rez-de-chaussée à notre cave, on entendait tout, maman savait quand papa s'en allait pour la journée... Nous connaissions tous les bruits de l'immeuble qui n'étaient pas ceux habituels de la porte de la maison et du bruit que faisait mon père en s'en allant à son travail.

    J'avais pris l'habitude, tous les jours, à partir de dix huit heure, heure à laquelle mon père rentrait de l'usine de me cacher sous cette table de cuisine parce qu'elle se trouvait juste en face du vestibule et donc, de la porte d'entrée ou je voyais arriver mon père. Tout en ne sachant pas l'heure, je connaissais la position des aiguilles et lorsque la petite  aiguille se trouvait  être placée droite sur le chiffre du bas de l'horloge et la grande aiguille positionnée tout en haut, formant ainsi un trait bien droit, ma mère ne m'avais plus entre les jambes: j'étais  bien à l'abri, du moins, le croyais-je, sous la table de la cuisine et tant que le temps était à l'orage entre mes parents, je ne sortait pas de ma cachette. Je connaissais que trop bien la physionomie changeante de mon père lorsqu'il n'était pas à jeun. Maman faisait semblant de ne par remarquer ce qui la préoccupait et qui lui faisait aussi peur qu'à moi. Elle ne voulait plus de cette vie angoissante et je le savais! pas besoin de me l'expliquer car même si j'aimais mon père, j'aurais voulu être bien loin de lui lorsqu'il piquait ses crises de delirium tremens! Cela finissait par l'arrivée du panier à salade (police secours). Là les policiers embarquaient mon père et il faisait des séjours à l'hôpital de Charenton: un hôpital psychiatrique ou l'on essayait de le désintoxiquer afin qu'il reprenne une vie normale; mais chaque fois, c'était la même chose. Il recommençait à boire et à être violent. Pour notre sécurité, il fallait qu'il s'en aille et maman m'avait fait comprendre ce que j'étais en âge d'assimiler correctement et pourquoi papa, bien souvent, s'en allait avec les policiers...

    Noël approchait. C'était un jour pas comme les autres pour tous les enfants, sauf pour moi. A la maison, il n'y avait pas de fête et je n'attendais rien du père Noël! Je ne pensais surtout pas à ce qui allait m'arriver dans ma propre maison. Lorsque maman vînt me chercher, je fus surprise de découvrir un très grand arbre qui trônait  là, dans le coin de la salle à manger, tout prés de la fenêtre donnant sur la rue. Que faisait cet arbre chez nous? Et à quoi pouvait-il bien servir? Perplexe, je regardais, pour la première fois de ma jeune vie, maman décorer cet arbre. Pour la circonstance, j'avais changé d'abri: je m'étais, cette fois,  cachée sous la table de la salle à manger et tout en mangeant ma tartine de beurre et mon chocolat, j' observais les moindres gestes de maman. Cet arbre, d'abord tout nu, paré seulement de ses feuilles vertes qui ressemblaient à des épines, m'intriguait fortement, à un point tel que je refusait, tout l'après midi de sortir de dessous ma table. Je n'assistais jamais aux fêtes de noël de l'école. Tous les enfants étaient joyeux; mais pas moi. Je ne voulais pas regarder la joie des autres: ça me faisait trop mal puisque chez moi, il ne se passait jamais rien: le Père noël ne connaissait pas le chemin de notre maison  qui ne dégageait que tristesse et morosité. Je ne recevais pas de cadeau. Noël, chez nous, était un jour ordinaire sans aucune festivité... Pourquoi, justement, ce jour que tout le monde attendait pour fêter, en se réunissant en famille,  et gâter les enfants, pourquoi ce jour se trouvait être le jour où mes parents avaient, eux aussi, décidé de faire un arbre comme à la salle des fête de l'école? Qu'est-ce qu'il y avait dans l'air de pas normal?...

     

     

     A suivre...

     

     

     

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    Le  seul et le plus beau Noël de mon enfance

     

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    Est-ce  que papa était d'accord? Est-ce qu'il était "normal" par rapport aux autres jours? Pourvu qu'ils ne se disputent pas tous les deux? Je tremblais de tous mes membres, à tel point que je claquais des dents et que tout mon petit corps avait froids! La peur me tenaillait le ventre.  Un bruit dans la serrure de la porte d'entrée se fît distinctement entendre. Papa apparu sur le pas de la porte sans dire un mot. Il accrocha son blouson d'aviateur marron, fourré de laine de mouton au porte manteau du vestibule en n'oubliant pas de glisser ses clefs dans une de ses poches ainsi que ses lunettes de motard. Il posa son casque sur la  vieille console en marbre fendu du couloir, au dessus du grand miroir très vieux et piqué, puis  il fila, sans  même dire bonsoir à maman, dans la chambre à coucher pour faire sa toilette et mettre un pyjama. Il ne s'était  même pas rendu compte de ma cachette; mais moi, j'observais tous ses faits et gestes lorsqu'il étaient à la porté de mon regard, pourtant  mon intérêt était tout spécialement fixé sur les préparatifs du dîner. J'avais une vague idée de ce  à quoi j'allais être le témoins...

    Étourdie par les vas et viens de maman,  je commençais à me lasser et j'avais mal à mon derrière. Au bout d'un temps qui me parut assez long, mon père revînt de la chambre, jeta un oeil furtif au sapin et s'affala sur son vieux fauteuil de cuir. Maman finissait de s' affairer (ce qui ne lui ressemblait guère) à la cuisine, pour les derniers préparatifs du repas. Ca sentait bon la dinde et aussi le gâteau à la crème: ce qu'on appelait le moka, mélange de chocolat et de café: toutes les odeurs avaient finit par se mélanger!

    Pour la première fois, papa semblait  décontracté et serein. Apparemment, il n'avait pas bu. Il entreprit de feuilleter son journal et maman mit la radio en sourdine pour ne pas le déranger, puis elle entreprit de mettre une belle nappe damassée et sortit la belle vaisselle avec les couverts en argent qu'ils avaient eu en cadeau pour leur noces. J'étais de plus en plus intriguée. Jamais, au grand jamais, je n'avais vu mes parents comme ça? Pour une fois,  ils était tous deux silencieux.  Ca changeait! Pour la première fois de ma jeune vie, je me sentais en sécurité et presque heureuse de voir mes parents si calmes.  Je n'en revenais pas? Avaient-ils décidé de faire la paix pour cette nuit de Noël qu'ils n'avaient jamais fêté auparavant? Je ne savais que penser?...

    A force de fixer mon père et les allées et venues de ma mère, sans compter le temps passé sous cette table à me trémousser de fatigue, mes yeux commencèrent à me piquer.. Je les frottais vigoureusement:  le sommeil n'était pas loin  et sans bien m'en rendre compte, engourdie par la musique douce des chants de Noël et l'odeur du gâteau qui se dégageait du four, je plongeais dans un profond sommeil.

    Il dû se passer une bonne heure avant que  maman  ne vienne me tirer de dessous la table de la cuisine pour me réveiller et me préparer afin d'aller à table. Ce soir-là, maman me fît ma toilette pour aller plus vite et me revêtit d'une belle robe blanche en organdi, agrémentée d'un petit col Claudine et d'une ceinture en satin rouge, terminée par un gros noeud dans le dos. L'ensemble de ma tenue se terminait par de jolies ballerines de la même couleur que la ceinture de satin. J'étais une petite fille à la chevelure blonde et bouclée. Maman  entreprit de me passer la brosse dans mes cheveux, me  les sépara par une raie au milieu et me mît des barrettes, ornées, elles aussi,  d'un ruban rouge, de chaque côté de ma tête. Habituée aux colères de mon père et aux ripostes de ma mère, je n'avais pipé mot. Tout s'était passé en silence de peur de réveiller sa mauvaise humeur. J'avais très peur de mon père et pourtant, je l'aimais...

    Il devait être pas loin des deux aiguilles sur le chiffre du haut de l'horloge, lorsque nous nous mîmes à table. Je ne me souviens pas, bien que mes parents soient de confession catholiques, avoir assisté à la messe de minuit, ni admiré la crèche vivante de l'église de mon quartier avant les festivités?...  Papa se mît à sa place habituelle, maman choisit la place en bout de table pour être plus prés de la cuisine et je me retrouvais assise en face de mon père. Je le regardais timidement. Je lui fît un grand sourire et tout ça, sans un mot. Les deux points sur la table, je me tenais bien droite comme j'avais été apprise et j'attendis  que maman vienne me servir. Le dîner se passa parfaitement bien. Papa donna le départ des conversations en s'adressant à sa petite fille. Je n'en revenais pas? Arriva le gâteau: plutôt la bûche de Noël avec plein de petites choses dessus. J'écarquillais les yeux pour mieux m'imprégner de cette vision. Maman avait vraiment bien réussi sa bûche! Elle était moitié chocolat, moitié café. Papa s'empara de la bûche tout en complimentant maman pour ce bon repas: ce qui n'était pas coutumier. Elle ne répondit pas à son compliment; mais elle eut un petit sourire qui en disait long... J'avais compris ce que ce sourire voulais dire pour connaître maman par coeur.

    Papa me servit un énorme morceau de gâteau au chocolat, servit maman qui préférait le café et se servit en dernier le même morceau que moi. J'étais loin de me douter de ce qui m'attendait encore! Soudainement, papa se leva de table prétextant l'oubli, dans leur chambre, de son briquet  tempête, de sa pipe et son tabac. Maman alla chercher la bouteille de mousseux qui était bien au frais dans la glacière: il faut que je vous explique que ce n'était pas les glacières de maintenant! Non! La notre était tout en bois, sur pieds, comme un meuble, et l'intérieur était tout en zing avec un compartiment pour garder le gros pain de glace livré le matin  même par,  le marchand de glace, et en bas se trouvait le compartiment qui récupérait l'eau  de la fonte  de ce même pain de glace qui s'en écoulait lentement. Il ne fallait pas oublier de le vider régulièrement, sans quoi, la cuisine était inondée.

    Ce jour du 24 décembre n'en finissait pas. Il avait été bien long pour une petite fille de mon âge et je tombais littéralement de sommeil, le nez dans mon assiette vide. Tout à coup, un grand bruit  se fît entendre qui me réveilla tout net. Je n'eus que le temps de d'apercevoir le père Noël qui s'enfuyait à toute jambes dans la chambre à coucher de papa et maman. Je me souviens de cette peur qui m'avait fait sursauter et du costume rouge et blanc qui avait disparu en laissant un énorme paquet au pied du sapin à côté d'un plus petit. Maman me dit:

    - Réveille-toi ma puce! Le papa Noël vient de passer.
    - Mais, maman, quel papa Noël?  Je n'ai pas eu le temps de le voir et... et... Il doit être encore dans la chambre?! Nous n'avons pas de cheminée: elle ne marche pas! Je me mise à pleurer à chaudes larmes. Maman me dit pour me calmer que la fenêtre était restée entrebâillée pour qu'il puisse entrer et sortir. Ce fût ce moment que choisit mon père pour reparaître avec son briquet tempête, sa pipe et son tabac.
    Il vînt vers moi et me prit dans ses bras pour me calmer. Il ne m'avait jamais pris dans ses bras? Il arrêta mes larmes en m'invitant à déchirer les papiers qui masquaient les jouets que je n'avais jamais eu l'habitude de recevoir. Maman vînt se joindre à nous et mes larmes se changèrent en éclats de rire lorsque j'aperçus le piano d'enfant que le père Noël m'avait apporté. Papa me fît remarqué qu'il y avait un cadeau encore plus gros que je n'avais pas regardé. Il le soupesa et me fît la réflexion:
    - Oh! Qu'est-ce qu'il est lourd!!! Tu ne veux pas voir ce que c'est?
    Je lâchait quelques instants le petit piano d'enfant pour déchirer le papier du second cadeau. Papa et maman m'aidaient:Le cadeau était vraiment énorme et très lourd! Qu'est-ce que celà pouvait être?...

     

    A suivre...

                                                                                                                                         

     

     

     

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    Il était un Noël quelque part, dans mon enfance 

     

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    C'était une cuisinière à bois et à charbon en fonte émaillée blanche, avec le réservoir d'eau chaude sur le côté droit, les tuyaux de poêle qui s'emboîtaient les uns dans les autres, la clef de tirage sur le tuyau central que l'on actionnait pour augmenter ou diminuer le tirage et sur le dessus, trois cercles en fonte fermés pas un dernier rond en fonte lui aussi; mais plein. Chaque cercle s'enlevait si l'on devait se servir d'un faitout à pot-au-feu et si l'on voulait que le faitout soit plus ou moins en contact avec les flammes, ce qui avait pour effet de faciliter la cuisson des aliments.  C'était une vraie cuisinière! Pas une fausse! Non, non, non! C'était la même que maman! Je sautait au cou de papa et je l'embrassais de toutes mes forces d'enfant. Il me tendit un autre paquet que je n'avais pas remarqué.

    - Et ce cadeau? Tu n'en veux pas? Comment comptes-tu cuire ta soupe si tu n'a pas ce qu'il faut?- Mais papa! je sais comment on s'en sert! J'ai déjà vu faire maman de centaines de fois! Je sais m'en servir! fîs-je excitée comme une puce. 

    - Il  me manque les casseroles papa! Oui! C'est ça! Il me manque le faitout pour faire la soupe et les casseroles! Je déchirais le papier qui enveloppait de superbes casseroles en cuivre rouge et toute la batterie de cuisine qui allait avec.  J'avais même le seau à charbon qui était à la mesure de toute ma cuisinière et aussi le tisonnier pour tisonner dans le feu lorsque celui-ci ralentissait la cuisson de ma soupe. Il y avait, il ne faut pas que j'oublie, le tiroir à cendre pour que je puisse vider les cendres dans le jardin, derrière la maison qui comprenait une petite cour intérieur dans laquelle s'épanouissait un gros figuier dont les fruits restaient toujours verts en pleine saison de cueillette: Il ne faisait pas assez chaud pour que les fruits mûrissent.

    Je n'en revenais toujours pas d'avoir été aussi gâtée? Ma joie se reflétait dans mes yeux et sur tout mon visage d'enfant. Je ne me voyais pas; mais je ressentait l'excitation et mes joues toutes rouges de plaisir! Je voulais m'en servir tout de suite, mes papa et maman me firent comprendre qu'il était tard et que je ne pourrais m'en servir que demain avec l'aide de papa qui m'en montrerait l'usage.

    - Ce que tu ne sais pas ma petite chérie, c'est que c'est dangereux! Tu peux te brûler si je ne te montre pas bien l'usage de cette petite cuisinière comme il se doit!  Et oui, tu ne pourras t'en servir que dans la cours! Et encore! A condition que maman  ou moi soyons à côté de toi pour surveiller si tu as bien retenu la leçon de façon que tu ne te fasses pas mal et que tu ne mettes pas le feu à la maison! Dit-il en riant de bon coeur. Je n'avais jamais vu mon père comme ça? Et maman qui, elle aussi, riait de me voir radieuse.

    Je me souviens que mon visage s'assombrit tout à coup:

    - Qu'est-ce que tu as me demandèrent-il ensembles?

    - Il faut que je dise merci au Père Noël! Mais il est déjà parti...

    - Ne t'inquiètes pas: nous lui avons laissé la fenêtre de la chambre entrouverte pour qu'il puisse entrer et ressortir. tu sais bien que la cheminée est bouchée et que l'on a pas le droit de s'en servir?

    - Je n'ai pas eu le temps de le voir pour l'embrasser?...

    - Mais c'est ça la surprise ma chérie! Le père Noël ne veut pas qu'on le voit sinon, il n'en finirait plus s'il devait s'arrêter dans tous les foyers pour embrasser les petits enfants du monde entier!

    - C'est vrai maman. Tu as raison. Je n'y avais pas pensé à cela. Répondis-je, déçue. Je peux faire  quand même un gros bisous à toi et à papa? Quand même? C'est pour avoir dit au père Noël de ne pas m'oublier cette année!

    J'ai vu mon père les larmes aux yeux quand il me prit dans ses bras: Cela ne lui arrivait pas souvent! Plus tard, lorsque je fût bien plus grande, je su que c'était papa qui avait fabriqué la cuisinière et tout ce qui allait avec, au heures de pause à l'usine ou il travaillait,  et surtout, en cachette du contremaître qui surveillait les ouvriers. 

    Papa était quand même mécanicien spécialisé  P3  chez Panhard,  si je me souviens bien! Mais je ne sais toujours  pas ce que veux dire (P3.) Je pense que c'était quand même une spécialisation un peu plus importante que les autres pour qu'il est pu travailler sur ma petite cuisinière sans risquer de se faire prendre et renvoyer?... 

    Qu'est-ce que j'ai pu m'amuser avec ma cuisinière! Je faisais la soupe. Maman me donnait une petite carotte, un bout de poireaux, un petite pomme de terre un petit bout de navet qu'elle avait coupé en touts petits morceaux pour m'éviter de me couper et je me régalait à faire cuire, sur ma cuisinière, mon potage. C'est moi qui allumais ma cuisinière avec un peu de papier sous la surveillance de maman, je mettais ensuite, sur le  papier, des petites bûchettes. Lorsque le papier et les bûchettes avaient pris, j'ouvrais avec le tisonnier le foyer et j'y laissais tomber le boulet de charbon, car ma cuisinière marchait en vrai et elle ne pouvait contenir qu'un seul boulet à la fois que je remplaçais lorsqu'il était presque complètement consumé.

    Je ne saurais pas vous dire combien de temps j'ai vécu avec mes deux parents? Mais le temps que j'ai passé avec eux, après ce mémorable Noël, fut très dur à vivre pour mon coeur de petite fille partagé entre l'amour de mon père et celui de ma père!  Je l'es aimais touts les deux autant! Leur déchirements perpétuels me fendait le coeur et j'avais peur de papa lorsqu'il rentrait saoul à la maison, que mes parents se battaient parce que  maman ne se laissait pas faire. Lorsque mon père était en crise, c'était dans ces moments-là que je me cachais, au plus fort de la tempête, sous la table de la cuisine... 

    Pourtant, un Noël pas comme les autres, mes deux parents ont su faire une trêve pour que fût réussi mon plus beau et seul Noël d'enfant entourée de mes deux parents. En plus des cadeaux (la plus part fabriqués à l'usine Panhard  par papa), ils m'ont fait le cadeaux encore plus cher à mon coeur de petite fille: l'illusion d'une vie normale.

    Le temps à passé... Après ce Noël qui est resté gravé dans ma mémoire au fer rouge comme l'ultime preuve d'amour que m'avait faite mon père avant de disparaître de ma vie d'enfant pour toujours. Je connu alors l'enfer  des nounous, des familles d'accueil, des pensions religieuses dont la pension des soeurs Saint Vincent de Paul. J'avais entre 7 et 8 ans. Elles étaient méchantes et cruelles...  Je n'ai plus jamais revu mon père. Mes parents se sont séparés; mais jamais ma mère n'a  pu divorcer de mon père, l'ayant fait interner dans la maison psychiatrique de Charenton pour violence conjugales, dangereux pour sa famille, pour les autres et pour lui-même. 

    Aujourd'hui, j'ai le courage de me replonger dans ce souvenir lointain, très douloureux et très cher à mon coeur, pour vous raconter mon Noël à moi, le seul de ma vie de petite fille, et montrer aux grands comme aux petits que les Noëls sont importants dans une vie d'enfant! Pas seulement pour les cadeaux; mais pour l'amour que  leurs portent leurs parents même si le jouet n'est pas très grand. Il faut savoir accepter ce que l'on nous offre avec le coeur, du moment que c'est offert avec amour. ce sera peut-être le seul Noël dont vous vous souviendrez lorsque vous serez vous même parents...  Dans l'existence perturbée d'un enfant, Il arrive qu'il y est  des surprises  qui marquent pour  une vie entière, comme pour moi, ce Noël perdu dans les années 50. (Je vais avoir 64 ans le 31 Janvier de l'année 2011).

    *

     

    Fin 

     

     

     

     

     

     

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